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princesses de science

L’assistance, avec cette curiosité avide de la douleur d’autrui, si étrange et si humaine, dardait les yeux sur le veuf. Il fut admirable de retenue et de dignité : il regardait toujours le cercueil, rien que cela ; et quand le cercueil eut disparu, il regarda l’affreux abîme où s’engloutissait sa compagne, — mais il déçut la foule en lui dérobant ses larmes.

Thérèse s’était approchée de la tombe ; elle se tenait maintenant auprès de Guéméné. Il ne l’avait pas vue. Subitement il la devina, et de nouveau leurs regards se croisèrent. Le jeune homme était livide, le visage défait. Elle attendait un mot de lui ; un subtil instinct l’avertissait qu’il allait lui parler, mais il demeura impénétrable.

À peine risquait-il un coup d’œil furtif vers Thérèse, dont le profil princier se détachait sur le fond de sombre verdure. Elle avait la grâce et la noblesse d’une fine statue, mais une émotion soulevait d’un souffle fort sa poitrine, et, sous son chapeau noir aux ailes légères, elle était indiciblement triste et troublante.

Fernand Guéméné la retrouva encore, un moment après : quand elle lui serra la main, dans le monotone défilé des condoléances, il sentit la première pression de vraie pitié.

Comme il s’apprêtait à prendre place près du veuf, dans la voiture de deuil, celui-ci le repoussa doucement :

— Merci, mon petit, laisse-moi seul maintenant.