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Introduction historique et critique aux livres de l'Ancien et du Nouveau Testament/Tome I/Chapitre 2/Corollaire

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COROLLAIRE.

D’après tout ce qui a été dit dans ce chapitre, il n’est pas difficile de tirer les conséquences suivantes :

1o La définition que nous avons donnée de l’inspiration se trouve. très-juste et très-exacte, puisqu’elle s’accorde parfaitement avec l’idée que Jésus-Christ, les apôtres, les autres écrivains sacrés, les auteurs juifs, les pères de l’Eglise et les écrivains ecclésiastiques, nous ont donnée des secours surnaturels qu’il a fallu à ceux qui ont composé les livres saints, pour que ce qu’ils ont écrit fût réellement la parole de Dieu. Elle est surtout conforme au terme si clair et si précis employé par l’apôtre saint Paul, théopneustos (θεόπνευστς) ; terme qui n’est lui-même que la traduction fidèle de רוח אלֹהים souffle de Dieu, consacré chez les anciens Hébreux pour marquer l’influence que Esprit divin exerçait sur les prophètes par la bouche desquels il voulait exprimer ses oracles[1].

2o Le mouvement pieux n’a pu suffire aux écrivains sacrés pour composer leurs ouvrages, puisqu’il n’a pu leur communiquer le don de l’infaillibilité qu’ils ont incontestablement reçu ; parce qu’un écrit ne saurait passer pour sacré, si l’on n’avait pas une assurance entière que l’auteur n’a pu être ni trompé ni surpris.

3o La simple assistance du Saint-Esprit, sans inspiration, était aussi un secours insuffisant, comme nous venons de le prouver dans l’avant-dernière proposition.

4o Les écrivains sacrés ont dû être favorisés du secours de la révélation, au moins dans la composition de cette partie de leurs ouvrages qui contient les mystères et les événements futurs, dont ils ne pouvaient acquérir la connaissance par leur sagacité naturelle. Car nous ne saurions nous persuader que la révélation proprement dite leur a été nécessaire pour toutes les choses qu’il nous ont transmises, puisqu’il en est un grand nombre qu’ils connaissaient certainement par le témoignage des hommes, ou par quelque autre voie naturelle, comme ils nous l’assurent eux-mêmes. Saint Luc, en effet, ne dit pas qu’il raconte ce que Dieu lui a révélé, mais ce qu’il a appris lui-même de ceux qui dès l’origine ont été les témoins oculaires des faits qu’il rapporte[2], et saint Jean déclare qu’il annonce les choses qu’il a vues de ses yeux, ce qu’il a entendu, et ce qu’il a touché de ses propres mains[3].

5o Puisque l’Ecriture sainte est la parole même de Dieu, et qu’elle a été composée par son ordre et sous la direction de son Esprit, elle doit être la règle de notre foi et de nos mœurs, c’est-à-dire que nous devons croire tout ce qu’elle nous enseigne, et soumettre notre conduite à ce qu’elle nous prescrit.

  1. Comparez Num. xxiv, 2. 1 Sam. x, 6, 10. xix, 20, 23. Jes. xLii, 1. Lix, 21. Os. ix, 7.
  2. Luc. i, 2, 3.
  3. 1. Joan. I, 1.