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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/148

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

Satisfaite de cette docilité, Irène continua :

— C’est celui-là même que nous distinguons et que nous voulons pour patriarche. Mais, comme j’allais vous l’apprendre, il refuse cette charge. Or il sied, devant cette manifestation, qu’il expose ici les motifs qu’il a de s’opposer à une élection inspirée, pour ainsi parler, par le Théos même puisqu’elle vient de la voix du peuple, après celle de l’Empereur.

On connaissait Tarasios issu de patrices, réputé homme de talent et de caractère. Ainsi que saint Ambroise avant son élévation au patriarcat, il était laïque. Mais Eutychès le savait orthodoxe intransigeant. Il le tenait pour l’énergique exécuteur de la restauration prochaine, l’homme d’âme robuste qui ne reculerait, ni ne trahirait. Tarasios attendait que l’assemblée le désignât, ne voulant qu’on ne pût lui reprocher plus tard d’avoir obtenu sa charge par faveur.

Devant l’acclamation publique, avec lenteur, il se leva. On vit un homme pâle et corpulent, en manteau brodé de léopards. Ses yeux luisaient. Après les révérences d’étiquette vers l’Empereur, vers l’Impératrice, il discourut.

Son exorde déclina une si grande responsabilité dans une église que l’anathème séparait des autres confessions d’Orient et d’Occident. Il avoua n’admettre qu’une foi unique dans le Iésous et dans son Esprit. Par suite, il n’agréerait la charge que si la réunion d’un concile général statuait bientôt sur le