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IRÈNE ET LES EUNUQUES

— Rome absorbe le monde dans son nom. Les enfants du monde sont des Romains…

Irène cependant l’admirait tout rouge de colère, et les yeux en lueurs. Doucement elle l’attira contre elle :

— Pourtant je t’aime ainsi, rude et téméraire enfant, mon enfant ! Pourquoi faut-il que la force de ton cœur fonde entre les mains des prostituées ? Pourquoi l’instinct a-t-il mis sa chaîne autour de ton corps robuste… Pourquoi n’ai-je pas su chasser de ton âme tous les vices comme une meute de chiens hargneux ?… Je me sens coupable devant toi.

Lui, revint à son idée qu’il trouva plaisante :

— Parce que tu ne fais pas peser soixante talents. Fais-les donner, tu ne seras plus coupable. Tu dormiras sur ta conscience en paix.

Désolée, la mère se détacha de son fils :

— Je parle, je parle de toute ma peine, et tu songes seulement à ce qui fera rire des femmes ivres.

— Je suis jeune et fort,… proclama-t-il avec orgueil… Je veux plier les femmes sous mon bras et le monde sous mon glaive.

Elle l’admirait encore :

— Comme tu es beau tout de même, Constantin.

Il en convint :

— Elles me le répètent. Il est vrai que je dore leur louange.

— Et tu ne te lasses pas,… répliqua-t-elle, pleine d’étonnement sincère… Elles ne te lassent pas, la paresse de ces hommes aux rires absurdes, la vénalité