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IRÈNE ET LES EUNUQUES

Personne ne put le voir de longtemps. Seule Marie d’Arménie obtint l’autorisation de le panser. Les eunuques le disaient en proie à la fièvre, et soumis aux prescriptions des médecins.

Cette rigueur indigna les Byzantins. Ils donnèrent raison à Tarasios qui, de sa main, nourrissait l’un des conspirateurs ayant requis le privilège d’asyle dans l’église patriarcale. En vain les soldats investirent l’édifice. Redoutant l’excommunication, ils n’osèrent arrêter le coupable qui finit par s’évader.

Quand Irène revint définitivement de Saint-Mamas, elle se rendit en grande pompe à la Sainte-Sagesse. Elle remercia le Iésous de l’avoir sauvée tant de la malice de la terre que de celle de son fils. Cataphractaires, excubiteurs, candidats, scholaires la suivirent sous leurs armures dorées, leurs casques à chenilles écarlates, leurs étendards portant brodée l’effigie épaisse et polychrome de saint Théodore. Après le sacrifice d’actions de grâces, l’impératrice sortit de la Grande Église parmi les prêtres élevant, au bout de perches écarlates, un essaim de séraphins dorés. L’armée tout entière acclama sans hésitation. Théodore Camulianos et Pierre s’étaient auparavant aliéné les légions par la sévérité de leurs réformes disciplinaires. Les soldats saluaient leur libératrice.

Pharès, Staurakios, Jean estimèrent le moment propice pour dégrader le prince de sa dignité impériale, et soustraire les destins du pays à ses dangereux caprices, aux avidités de ses amis. Depuis