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IRÈNE ET LES EUNUQUES

souffrir que Constantin régnât, tant que vivrait sa mère. Les légions de la garde amenées de Thrace à Byzance la proclamèrent aussitôt Basilissa et seule digne de l’être. Et, stylés par Bythométrès, les moines allèrent paraphrasant les prophéties, commentant les écritures saintes où il était prédit qu’une femme présiderait seule aux destins du peuple élu.

La foule admira, reçut des largesses. Puisque le prince était captif, les favoris en exil, nul enclin à tenter leur délivrance, la multitude jura de n’obéir qu’à cette incarnation de la force intelligente.

Certaine de la soumission générale à l’intérieur, Irène voulut châtier les Sarrasins qui, débarqués en Chypre, y manœuvraient. Staurakios arma la flotte. Eutychès envoya dans toutes les provinces des mandataires qui rayaient officiellement des actes publics le nom de Constantin.

Mais cet acte objectif étonna les gens. Éprises de la tradition, les familles s’indignèrent dans les thèmes, et réagirent. Plusieurs archontes écrivirent à l’impératrice, la priant d’éclairer le prince sur ses devoirs, mais la blâmant de le réduire à rien. Quelques magistrats refusèrent de prêter main forte aux radiations imposées. D’autres les imitèrent en protestant. « C’est Constantin seul que le Théos a établi maître sur nous… » Expédiés en toute hâte près de ces irréductibles, les messagers n’obtinrent pas d’autres réponses. Irène ne céda point. Les eunuques considéraient se dédire comme dangereux maintenant. S’ils