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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/253

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

de la mort, l’amour maternel renaissait. Elle appréhendait comme pour sa propre chair et sa propre fortune. D’ailleurs n’était-il pas la raison de leur double souveraineté ? Elle se prosterna :

— Le Théos est dur s’il ne sauve pas mon fils !

— Les péchés sont innombrables, aussi !… riposta Pharès, cruel, tandis que des rumeurs de révolte grondaient au dehors et qu’ils se prosternaient tous.

— S’ils tuent mon fils !

L’ange fort, Aétios manifesta toute son énergie :

— Il faut qu’il se montre. Alors, ils n’oseront pas. Mais il faut qu’il se montre. Ta Piété le persuadera de prendre les insignes.

Humble et sinistre, Eutychès rendait compte :

— Comme Ta Piété l’avait prescrit, les eaux du Bosphore noient à cette heure les caves d’Éleuthérion. Le trésor de ton palais, ils ne le découvriront pas.

Elle répondit dans une angoisse brusque :

— Mais ils peuvent le tuer celui en qui je reconnais mon sourire et ma voix.

Et cela lui parut alors plus injuste, plus atroce, plus insultant que tout, que la perte du trône, que l’anéantissement des espoirs, que la ruine de Byzance. La maternité reconquit Irène, la posséda, la tortura.

Du fond de ses voiles bleus, et dans sa posture abîmée, l’Arménienne gémit :

— Était-il ton sourire ? Était-il ta voix ?

— Nous aussi pouvons mourir… avertit Staurakios.

Irène répliqua :