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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/316

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

— Tout témoigne contre toi : le ciel et les hommes !

— Les prostituées aussi !… proféra l’épouse.

— Ne jette pas d’injures au hasard. Tu apportas le malheur dans le palais. Sois humble devant toutes…

— Certainement depuis que ton pied innocent a foulé les dalles du seuil…, précisait Irène,… l’ouragan du malheur a sifflé par ici.

— J’ai failli, depuis lors, me séparer de ma bonne mère,… s’écria Constantin… J’écoutais les conseils pernicieux des iconoclastes.

Marie se releva lentement :

— Tu séduisis la simplicité de mes cubiculaires, à cause de moi, sans doute…

— Parce que tout ce qui pouvait te déplaire me parut excellent !

— Tu l’entends,… fit Irène, résignée à cela :… tu n’as pas su te faire aimer.

— Oh ! le Théos lui-même ne peut m’aimer…

— Et, à cause de cela, tu hais le Théos, tu blasphèmes Christ comme une païenne ; tu détestes ma vie…

— Je déteste ta vie, moi ?…

Elle dit cela, navrée. Son mari s’approcha d’elle, et à voix sourde :

— Faut-il le dire ?… On assure que tu prépares des liqueurs mortelles et que tu les mêleras à mes aliments, un jour.

Irène s’enfonçait dans son trône de pierre brute :

— Je l’ai entendu dire aussi. Mais rien ne le prouve.