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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/317

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

J’ignorais cependant tes blasphèmes… Écoute-moi, aimes-tu Constantin ?

— Je l’aime.

— Alors, avoue que tu fabriques des liqueurs mortelles.

Marie se redressa, bondit, fut debout, et ses mains battaient l’air. L’Impératrice elle-même lui commandait le mensonge atroce, ou bien la soupçonnait de meurtre. L’amante suffoqua. Constantin se promenait impatiemment, depuis les lauriers jusqu’aux balustres de la terrasse, jusqu’aux spectacles de la ville, du Bosphore, de la côte d’Asie, rose et bleue, dont brillaient les villas blanches étagées.

— Comment avouer une chose fausse ; pour me perdre ?… demanda Marie qui s’étrangla.

Constantin la pressa :

— Si tu m’aimes, avoue.

Marie se cachait la figure dans les bras :

— Ensuite, le patriarche prononcera le divorce ; n’est-ce pas ?

— Pense !… démontre Irène… Les ambitieux reporteraient sur l’héritier futur leurs espoirs. L’empire, pendant quinze années, jouirait du calme. Nous assurerons la prospérité des villes. Nous enrichirons les thèmes. Les récoltes seront nombreuses, et les coffres des marchands devront être agrandis. Nous entretiendrons des armées barbares qui repousseront les Sarrasins loin des frontières… Au lieu de servir à l’achat des ambitieux, l’or de Byzance maintiendra sa force.