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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/318

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

Constantin saisit les poignets de Marie et la secoua :

— Parle. Tu portes sur ta langue la victoire de l’empire, ou sa déchéance.

L’Impératrice dissertait :

— Si tu aimes Constantin, tu dois avouer, afin que la gloire de Byzance devienne sa gloire. Si tu ne l’aimes pas, tu dois avouer, afin que la chrétienté triomphe des Sarrasins… Écoute ton âme. Elle te conseille d’avouer dans l’un et l’autre cas, soit que tu aimes Constantin, soit que tu révères le nom de Christ…

L’épouse laissa fléchir ses bras qui masquaient son visage :

— Mon âme ne me dit pas de rechercher le malheur.

Constantin la brutalisait.

— Elle te dit de piétiner la figure du Christ.

Irène attira Marie contre son trône :

— Avoue, Marie, pour moi qui t’ai donné des jours de triomphe…

— Il ne fallait pas me donner des jours de triomphe ! Mieux valait me permettre de vivre auprès de Philarète, le saint, sans amour, sans gloire, sans mission… Je ne puis avouer le crime que je n’ai pas commis.

Alors Constantin la menaça, les yeux contre les yeux.

— Il en est qui peuvent te convaincre…

— Il en est beaucoup qui vendent leur témoignage pour un peu d’argent.