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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/319

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

— N’accuse pas lorsque l’on t’accuse. Il faut te disculper d’abord.

— Avoue courageusement…, conseillait la mère… On te donnera un monastère dans les îles… Et tu vivras au milieu d’une paix somptueuse.

Marie se frappa la poitrine.

— Comment, moi qui t’aime, Constantin, moi !… puis-je confesser le crime de vouloir ta mort ?…

L’empereur rit méchamment.

— Tu m’aimes ?

— Regarde ma figure, amaigrie par la peine, et calcule combien chacune de tes duretés creusa de rides autour de mes paupières… Calcule, et dis, après si je t’aime, ou non…

— Tu souffres dans ta vanité, uniquement… Moi je souffre dans tout le corps de l’Empire que ton obstination menace de ruine.

Dépitée, Irène lâcha la main de Marie :

— Tu ne nous aimes pas, ni lui, ni moi, ni Christ, ni Byzance. Tu es sans force contre ta vanité, Marie…

— Je suis sans force contre la vérité.

Constantin se promenait à grands pas.

— Je te l’ai toujours dit, mère : elle n’avouera point.

Irène empoigna les voiles de sa bru :

— Et pourtant tu m’avais promis obéissance, tu m’avais dit : « Je serai dans ta main comme un baume qui assainit. Tu m’emploieras pour guérir le malade. Ensuite tu me cacheras au fond d’un coffre, jusqu’à ce que tu aies à nouveau besoin de ma vertu. »