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IRÈNE ET LES EUNUQUES

reur… Par l’affectation de sa vertu elle veut acquérir les sympathies utiles du patriarche. Elle veut mettre son attitude en contraste avec mon amour de la vie. Ainsi elle détournera de nous le parti des « montreurs de sainteté ». Elle gagne l’approbation de ces moines mendiants, qui, de borne en borne, lui acquièrent dans les rues la renommée populaire par leurs homélies. Elle intrigue partout, l’Arménienne !

Irène réfuta l’injustice :

— Marie n’est qu’une pauvre femme désespérée de ne point plaire à son maître.

— Comment ? Tu l’as tirée de rien ! Elle a connu la dignité suprême ! elle obtient tout ce que lui refusaient sa naissance et son destin. Voici que nous lui demandons le sacrifice momentané de ces avantages ; et celle à qui ce caprice de notre mansuétude donna les heures inespérées de l’empire, celle-là veut garder indûment ce qui lui fut prêté, dussent périr Byzance et notre race, et toi, et moi… Et tu prétends qu’elle nous aime !

— Qui accomplirait sans hésitation un pareil sacrifice ?… réplique Irène… Toi, sans doute ?

— Moi ?… balbutie Constantin, ahuri.

Sa mère sourit :

— Ne blâme pas une faiblesse que tu ressentirais plus lâchement.

— Tu vas recommencer à me haïr, maintenant que, pour te plaire, j’ai laissé crever les yeux de mes amis et couper les langues de mes oncles… Ta Piété