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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/369

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

surveiller tes moissons de Thrace, quelques jours. On te rappellera quand le moment sera venu… D’ailleurs j’ai plein pouvoir sur toi. Lis ce qui est écrit sous le sceau de notre très pieuse Despoïna.

Aétios partit sur le champ pour Éleuthérion. Il voulait voir Irène. Pharès endoctrina les hésitants épars dans Pyles et les environs. On apprit que deux légions mandées par Constantin marchaient à sa rencontre en doublant les étapes. Pharès choisit une dizaine d’officiers astucieux et intrigants, les convainquit de l’aider. À l’heure où le basileus allait accomplir ses dévotions dans une chapelle miraculeuse, ils s’introduisirent derrière lui, l’approchèrent comme pour servir les répons des litanies. Avant qu’il se doutât de leurs intentions, Pharès lui posa sa capuce sur la tête qu’il entortilla dans l’étoffe violette à palmettes jaunes. Bâillonné, ligotté par deux gaillards solides et hardis, l’empereur ne put même pousser un cri. Les assistants le crurent à genoux entre ses officiers qui, s’empressant, le dissimulaient aux regards curieux. L’un d’eux prit son habit et sa place, parut s’abîmer dans l’extase, se prosterna et resta tout immobile obligeant, par cette posture, les fidèles à l’imiter avec décence. Cependant le basileus fut entraîné hors du lieu saint. Il était méconnaissable. Aux gardes demandant qui l’on emmenait ainsi, Pharès répondit que c’était un partisan d’Irène, prisonnier d’importance. L’empereur exigeait qu’on le conduisît secrètement. La bande passa, put jeter son captif sur un chelandion