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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/370

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

qui gagna Byzance promptement à la force des rames.

Le samedi, quinzième jour du mois d’août 798, Pharès et ses acolytes amenèrent l’empereur en ville, dès l’aube. Au Palais, dans l’édifice de Porphyre qui se rencontrait le premier en entrant par la porte Marine, du côté de la Propontide, ils l’enfermèrent atterré.

Le peuple ne tarda guère à savoir le rapt par des gens venus de Pyles.

Vers le milieu du jour, la foule s’assemble sur la place de l’Augusteon ; puis essaye de pénétrer. Les Candidats exécutent une sortie brutale contre les plus osés. Certains tombent à la renverse, le crâne fendu ou la poitrine trouée sous l’icone de la colonne érigée au centre de la place. Incontinent les gardes tendent des chaînes d’ancre au travers de cette place, et refoulent méthodiquement les factieux par delà.

Alors hommes et femmes se battent la poitrine, crient, prient à tue-tête. Quelques-uns portent les blessés sous les auvents des boutiques étroites et les soignent. D’autres réclament leurs frères déjà pris et attachés à des bornes, à des poteaux, aux anneaux scellés dans les murailles pour l’usage des chevaux. Impassibles les Candidats s’affermissent, rempart de colosses blancs, casqués d’airain et capables de tenir en respect les plus turbulents au bout de longues et lourdes hallebardes. De temps en temps une flèche décochée, saigne l’audacieux qui s’aventure par des chemins détournés,