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IRÈNE ET LES EUNUQUES

qui se réfugie derrière les Candidats, sous les huées.

Alors un Teuton escalade la borne, impose le silence de ses bras levés.

— Écoutez. Le roi Karl ne pense pas à vous humilier, mais à honorer la pourpre des Césars, en habitant à Byzance avec la Très Pieuse Irène, pour entretenir la paix dans les empires d’Orient et d’Occident réunis en un seul empire romain… J’ai dit !

— C’est cela…, reconnaît Pierre, malin… Et la richesse de Byzance ira dans les mains de tes leudes !

— Et tes comtes commanderont à notre place dans les armées…, renchérit Théodose habile à découvrir les desseins… On donnera nos monastères à vos cadets, des fiefs aux massacreurs des Saxons…

Le Teuton rit. Damanios le salue :

— Les bourreaux francs nous feront l’honneur de nous dépouiller.

Au milieu des clameurs de haine, le barbare marche aux plus arrogants de la populace qui se sauvent. Alors il rit et rejoint, au pied de la colonne, le moine latin.

Drapé dans sa simarre de damas jaune, Alexis rappelle au peuple l’objet d’une émotion qui s’égare :

— En attendant, les bourreaux arméniens aveuglent ici Constantin, gloire de Byzance.

— Écoutez, Romains… : Acclamez le nom de celui en qui vous avez confiance. Qui, parmi les aveugles ?

On murmure, mais personne ne répond.

— Comment ! vous n’en nommez aucun ?

— Envoyez en délégation l’un de nous à la Magnaure