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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/392

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

En un grand éclat oratoire, Alexis trouble enfin le bateleur :

— Ni les manigances de Pharès, ni la malice de Staurakios, ni l’arrogance d’Aétios ne triompheront de votre énergie, Byzantins !

Impatiente, une vieille se détourne, édentée :

— Tais-toi, l’aveugle, on n’entend plus rien.

— Taisez-vous, les aveugles !

— Vous radotez… !

Pierre hurle :

— On tue peut-être votre Autocrator, là, derrière le mur de porphyre.

— Qu’en sais-tu, d’abord ?… demande une frêle gamine, haussant les épaules en camisole bleue semée de croix blanches.

— C’est vrai, qu’en peut-il savoir ?

— Les gens sages… déclame le bateleur…, ne s’occupent pas des choses politiques. Mieux vaut passer la vie en composant des boissons fraîches, et en jouant de la cithare pour séduire de beaux yeux pareils aux fleurs des jardins. Ores donc, illustres dames, si mon frère et le prince ne furent pas décapités par le nègre, mais seulement métamorphosés ainsi que vous pouvez le voir, c’est qu’ils étaient oints, avant que d’entrer dans la caverne, avec le thériaque de l’Autocrator Anastase dont ma noble mère nous laissa le secret… N’en est-il pas ainsi, prince Allah-Eddin ! N’en est-il pas ainsi, mon frère ?

Le singe grimace et l’ours danse. Le bateleur exhibe