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IRÈNE ET LES EUNUQUES

oboles de chaque salaire. La cargaison à charger attend votre fantaisie depuis deux heures. En route !

— Je gagne peu à défendre mes droits de citoyen,… constate l’ouvrier qui reboucle sa ceinture.

— Cela coûte sept oboles seulement,… plaisante le contremaître…

Quelques instants après, hydre à vingt têtes blêmes et féroces, une horde de candidats bondit, pousse avec des cris, des coups de fouets, les derniers protestataires, et les bloque dans les rues. Des fenêtres tombent quelques jarres d’huile qui se brisent sur les casques. Le liquide enduit les militaires. Ils enfoncent les portes, saccagent les boutiques. Ils fustigent, étranglent, égorgent, ensanglantent les corps crispés, tranchent les mains protectrices. Les chiens hurlent en fuyant la bagarre. Maîtres, les soldats retendent les chaînes, et placent des sentinelles devant les rues ainsi bouchées que comble une autre foule hargneuse accourue au bruit.

Cependant Aétios, cadavérique et chancelant, se précipite hors de l’édifice vers les plus acharnés du peuple :

— Ce qui s’est accompli là-haut est contre ma volonté. Sachez-le.

Derrière lui, le maigre Staurakios s’élance dans l’enflure de ses manteaux. Il dégage sa responsabilité malgré les rumeurs de haine :

— Aucun ordre d’aveuglement ne fut transmis.

— Mais tu as envoyé des bourreaux éthiopiens dont