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IRÈNE ET LES EUNUQUES

la stupidité est notoire, aussi bien que la cruauté… réplique Bythométrès qui le menace vivement de son écritoire en étain.

Et Pharès glapit, affairé :

— Les bourreaux seront exécutés à l’instant ! Gardes, doublez les sentinelles autour de la place ! Que personne n’y pénètre !

— Je me lave les mains du sacrilège,… déclame Aétios blafard entre ses boucles… Je n’eus connaissance d’aucun ordre de supplice ; et je n’appris point que les bourreaux étaient venus secrètement par eau sur un dromon. La Très Pieuse Irène l’ignore aussi.

— Staurakios, quelqu’un t’accuse… insinue Damianos perfide, et il atteste la rage de la foule dense, parée de têtes sifflantes.

— Tu m’accuses, Aétios ?

— Que vas-tu répondre à-une mère ?… se contente de dire Aétios.

Les joyaux de ses mains désignent la litière impériale que les mules blanches extirpent d’une voûte étroite et torse. Nicéphore surgit et se prosterne avec ses dix secrétaires tremblants.

Et c’est au milieu des dos inclinés, des soldats immobiles, la litière qui s’avance sous les panaches avec la figure amenuisée de l’impératrice entre les rideaux de cuir gris.

— En adoration, Irène, voix du Théos, maîtresse unique des Romains !