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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/402

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

Elle demeure prostrée sur le sein de l’initiateur.

Contre la meute humaine des aveugles, Pharès et Nicéphore durent protéger Staurakios :

— Vous ne pouvez pas dire que le logothète du Drome aveugla l’Autocrator.

— Parle, Aétios. A-t-il crevé les yeux de Constantin ?… commanda Nicéphore, brièvement.

— Je ne puis dire qu’il l’ait fait… distingue Aétios… ni même qu’il ait ordonné.

Tous s’écartent de lui, en silence. Staurakios pourtant se maîtrise et déclare :

— Je te remercie, de ne pas m’accabler. Le sang de Constantin ne doit pas retomber sur moi.

Comme il achève cette action de grâces, l’eunuque est secoué par les convulsions d’un vomissement ; et il doit, honteux, se cacher la face contre une colonne.

Pourtant, Irène n’ose aller vers son fils. Elle s’est assise, sur le bord de sa litière plaquée de reliefs en ivoire que la main caresse machinalement. Les personnages de ces sculptures brillent au soleil favorable. Elle entend Aétios dire :

— Je ne l’accablerai pas, mais je ne tolérerai pas non plus de paraître son complice. Staurakios est un bon exécuteur de la pensée impériale. Par lui-même, il ne peut rien que la sottise. Je l’avais invité à solliciter l’avis de la Despoïna.

Irène persiste dans la démence du désespoir :

— Et qui a commis le crime, si ce n’est vous…