Pharès corrige vivement l’impression de cette parole.
— J’avais eu soin de leur faire déposer dans la cour intérieure les fers, pour ne point effrayer inutilement l’Autocrator. D’ailleurs, les pointes à crever les yeux n’étaient pas dans leur bagage. Pourquoi comprirent-ils plus qu’on n’en avait dit ?
— Parce que, sans doute, on les avait instruits à l’avance,… riposte Alexis, brusquant l’explication.
Navré, en sueur, Staurakios oppose une autre hypothèse :
— Les gardes envoyés aux Nouméra purent tenir aussi des propos imprudents.
Habile, Pharès maintient le doute :
— Qui l’expliquera ? En vérité, les Éthiopiens crurent devoir agir ; et comme ils ne trouvèrent pas, entre leurs instruments, ceux nécessaires à l’opération, ils se servirent d’un chandelier de bronze.
Sans voir qu’il piétine dans la flaque de ses déjections, Staurakios affecte la pitié envers la victime :
— Un de ces gros chandeliers munis d’une pointe au-dessus de la bobèche, d’une pointe où l’on pique la résine des cierges.
La subtilité de Pharès expose simplement les faits :
— Et, sans calculer la différence de longueur, ils utilisèrent cela pour crever les yeux de celui qu’ils ne croyaient pas être Constantin, mais un conspirateur de Pyles.
— Donc,… conclut Staurakios,… ils n’ont pas agi par ordre. On leur aurait remis les instruments habituels.