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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/407

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

Et un silence s’établit au milieu de ces hommes anxieux pour leur vie. Les aveugles songent le front haut et la main sur leurs bâtons. Les eunuques restent immobiles, baisent leurs reliquaires d’argent pareils à de petites églises, puis se dévisagent tour à tour. Ces mains tremblantes et chargées de bagues s’occupent fébrilement.

— Si tu leur avais dit que c’était Constantin…, objecte Alexis… Si tu leur avais dit ?

— La pointe creva les yeux,… termine Pharès à voix basse… Moi, quand j’arrivai, je vis l’Autocrator qui saignait.

— Voilà le récit véridique,… s’écrie Staurakios en se frappant la poitrine… Je n’ai pas commandé les bourreaux. Vous avez entendu, aveugles, vous avez entendu, vous, qui proclamiez tout à heure, devant le peuple, nos prétendus crimes ! Votre loyauté de patrices interdit de mentir.

— Personne,… concède Aétios,… n’a précisément commandé le supplice.

Pourtant Alexis se défie :

— À moins que vous ne mentiez vous-mêmes, urnes d’infamies !

Nicéphore hoche la tête.

— Il semble probable que personne ne prescrivit le supplice.

— À moins qu’ils ne mentent !… injurie Pierre gesticulant vers le mur contre lequel il n’y a personne.

Aétios les toise :