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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/424

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

crânes tondus et les voiles abondants. Les pommeaux de glaive brisent les doigts opiniâtres, et ferment les bouches injurieuses. Des corps s’écroulent au pied de la colonne centrale, le long des chaînes. Du sang jaillit des narines. Masquée de ses mains et de ses bagues, Irène gémit au fond de sa litière qui flotte dans la bagarre assourdissante. Les mules blanches ruent. Les coureurs fustigent. Enfin la litière disparaît.

Jean veut suivre le cortège.

— Au nom de Christ, mes frères,… ordonne un caloyer… retenez celui-ci !

Vingt moines s’agriffent au Bythométrès, en grappe, l’étouffent et l’immobilisent.

Toutes les voix s’élèvent, dans les rues closes.

— Périssent les eunuques !

— Guide-nous, esclave, jusqu’à l’immonde,… adjure Alexis, assoiffé de vengeance.

Et les caloyers exorcisent leur captif.

— Au nom du Théos, démon Sathanaël, Michaël, laisse ce corps et retourne à la demeure de l’Hadès.

Jean se raidit :

— Je suis une pensée et un homme ; une foi et une pensée…

— Il blasphème. Il divise l’unité trinitaire du Théos…

— Manichéen !

— Sûrement, il est de ceux qui mêlent la poudre d’hostie piétinée à la semence humaine…