Aller au contenu

Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/426

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
396
IRÈNE ET LES EUNUQUES

vieilles qui l’obsèdent dans leur cercle de haine gesticulante.

— Confesse que tu tiras d’Irène son âme chrétienne pour y loger le démon, ton frère…

— Pour y loger Baalzébuth, toi-même ordure du Manès…

— Je ne parlerai plus à des malades,… dédaigne Jean.

— Je lui enfonce la pointe dans les chairs et il ne crie pas ;… dit une sexagénaire qui se signe.

— C’est qu’il a un baume de taciturnité… Le Seigneur d’En Bas procure ce baume aux sorciers pour qu’ils ne confessent pas leurs crimes. Voyez comme il serre les dents.

— Il ne dira rien…

Alexis déclame :

— Parce que vous adorez les idoles des images, caloyers et saintes, vous ne pouvez réduire cette créature de l’Hadès. Depuis que vous adorez les images, tous vos empereurs sont morts de manière atroce. Et l’empereur c’est la tête du peuple. Le Théos vous frappe à la tête.

Le bandeau noir tombe et découvre les paupières maigres, bleues, collées. Levant les pans de son manteau avec ses gestes, Alexis hausse le reliquaire semblable à une petite église, signe de sa piété. Autour de lui la foule se démène, ergote, querelle et s’enivre de tumulte, de passions, de haines. Eux-mêmes les candidats écoutent, se regardent. Des yeux, ils se convient à l’approbation de l’orateur. Ils cèdent insen-