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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/461

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

de ses états occidentaux, Karl se hâterait de prendre le titre grec, de se fixer à Byzance, de fondre l’Occident et l’Orient dans l’unité romaine aussitôt reconstituée. Inutilement Pharès citait-il maints exemples historiques pour montrer que, depuis sept siècles, le rêve de tous les barbares envahisseurs se proposait une pareille fin. Par suite, le civilisateur des Gaules et de la Germanie, l’élu du clergé latin ne faillirait point à satisfaire ainsi le désir manifeste de ses pères. Il ceindrait, par-dessus la couronne de fer, le laurier des Césars et le bandeau des Basileis.

Or, comme la popularité de Nicéphore s’accroissait auprès de la classe moyenne, Irène ne craignait plus Aétios ni Léon. Bythométrès pensait avoir établi l’équilibre entre les deux forces des ministres en nourrissant leur rivalité. Excellent administrateur, Nicéphore enchantait les contribuables dont il dégrevait les charges censitaires. Nul qui ne vantât cette sagesse de financier. La prospérité de la patrie doublait sous cette direction aux calculs impeccables. Aétios n’était plus que l’homme des nobles, des riches, des ambitieux, des stratèges. Et ceux-ci, de par leurs besoins d’argent demeuraient à la merci de Nicéphore. Toutefois, les conspirateurs professionnels tremblèrent de se voir réduits, sous l’autorité franque, à l’état de citoyens paisibles. La ville fourmillait trop de héros sans aveu, de capitaines dénués, d’archontes sans sou ni maille, de soldats en congé, de moines chassés des couvents, qui vendaient leur appui, leurs épées, leurs sermons