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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/465

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

l’émerveillement de l’évêque Josse et du comte Helgaud.

L’Athénienne elle-même s’occupait d’être parfaite. Le soin de sa parure l’accaparait au milieu de ses cubiculaires anxieuses, attentives, expertes et légères. Avec Pharès, elle passait des heures à éprouver les thériaques nouvelles qu’il composait. Ensemble ils triaient les herbes salutaires. Le matin et le soir Irène se baignait dans des essences toniques, dans le jus acide des limons. Apparaître au Franc comme une fée singulière et quelque peu dangereuse, cela lui semblait la tâche importante. Il fallait asservir à son charme de princesse étrange le barbare défiant, pour, ensuite, régir cette volonté d’empereur victorieux, et celle de ses bandes moqueuses, de ses évêques intrigants. Toute à cet espoir, elle ne s’inquiétait pas de la rue, ni de ses tumultes momentanés.

Pourtant Aétios lui présenta une délégation d’officiers, d’honorables qui, s’étant prosternés devant elle, lurent une harangue. Ils l’avertissaient de se prémunir contre tels sénateurs enclins à lui disputer le droit de choisir un maître pour Byzance. Investie du souverain pouvoir par la volonté du peuple, l’impératrice ne devait-elle pas conserver intégralement cette faculté suprême ? Le factum dénonçait les propos des soldats déclarant que si les prêtres latins avaient pu soumettre l’ancienne Rome au Franc, l’épée des Grecs saurait bien écarter les barbares de la Rome nouvelle.

Irène haussa les épaules et les congédia sans autre