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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/495

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

Il ne bougeait point. Les eunuques filaient. Irène toussa péniblement :

— Ainsi que je te l’avais juré,… reprit-elle,… sur les bois vénérables et vivifiants de la vraie Croix, je ne t’ai pas celé une obole du trésor d’Éleuthérion… Par retour, tu devais pourvoir aux honneurs de mon rang, à mes nécessités, à mon repos… J’attends la réalisation de tes promesses…

Narquois comme devant, Nicéphore joua la comédie :

— Avant peu, elles seront réalisées. Le sénat délibère avec les patrices sur cela. Patiente quelques semaines encore.

Alors Irène réprima son désir d’apitoyer le vainqueur :

— Je me sens affaiblie, vieille. Tâche que ta promesse soit plus prompte que la mort. Pour ceux-ci, surtout, j’invoque ta mansuétude. Songe que nous avons fait de grands jours à Byzance.

— Qui l’oublierait ?… Aucun ne l’oublie. Dans l’île de Prinkipo, aux premières heures de mon règne, les amis n’accouraient-ils pas nombreux pour honorer ton exil ?

Irène sourit, avec un air d’indulgence :

— Aussi tu m’envoyas des geôliers au milieu de l’hiver rigoureux. Ils m’internèrent ici, loin de tous.

— Il le fallait. Tu n’aurais pas voulu, toi qui aimes Byzance, livrer la ville aux malheurs des séditions.

— Je ne l’aurais pas voulu, sans doute.

— Tes vrais amis cessent-ils de venir te visiter ?