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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/497

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

Irène s’évertua :

— Tourne donc, rouet… File quenouille !

Marie ne put s’empêcher de la plaindre :

— Je vois la fatigue de ta face qui s’incline, et tes mèches grises, et un peu de sueur sur les rides de tes tempes !…

Irène toussa.

— Sa bouche est un seul pli amer !… fit observer Jean à Marie.

Aétios soupirait :

— Ses doigts las s’embarrassent dans la laine !…

Jean vit blêmir la Déchue :

— Irène, Irène… Ne te souviens pas d’Athènes, ni de ta splendide adolescence, ni de la palme d’or dans ta main quand tu récitais sur l’Acropole les strophes du divin Euripide.

Elle s’arrêta de filer :

— Comment devines-tu mon souvenir ?

— Que regarde-t-elle de ses yeux fixés sur l’horizon de la mer ?… interrogeait Marie.

— Quelle douleur regarde-t-elle ?… se demandaient-ils.

— Irène, Irène… poursuivit la douleur de Jean,… ne te souviens pas de ma tunique parfumée, ni des paroles bourdonnant sur mes lèvres alors fraîches, ni de mon émoi saluant ta beauté.

La vieille le dévisagea :

— Comment devines-tu mon souvenir ?

À voix basse, Aétios remarquait :