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IRÈNE ET LES EUNUQUES

— Comme elle souffre d’admirer sa mémoire !

— La Très Pieuse goûte le sang de toutes ses blessures.

— Théos ! Théos !… exhala Marie à bout de souffrances,… épargne les forces de tes serviteurs !

— Irène, Irène,… criait Jean,… ne te rappelle pas nos promenades le long des oliviers, ni mon rêve, ni mon intelligence illuminant ton âme vierge.

— Tu devineras donc toujours mes souvenirs !… reprochait Irène… Quand cesserai-je de me désoler en oubliant ces choses ?…

Pharès haussa doucement les épaules :

— Elle parle d’oublier le bonheur dans l’adversité, comme parle un petit enfant qui ne sait rien de la détresse.

Et toute la tristesse de Jean adorait sa disciple :

— Ses dents tremblent…

Marie les mains jointes adjura la divinité :

— Théos ! Théos ! elle a expié suffisamment… Pardonne-lui…

— Tourne donc, rouet… tourne, tourne.

Ainsi la voix brève et sourde de la Despoïna avec une sorte de rage active son labeur.

— Irène,… implore Jean, de toute son intelligence et de tout son amour,… ne te souviens pas de Byzance étendue sous la proue de notre galère, ni des eaux bleues, ni des collines fleuries, ni des étendards sur les coupoles d’or… Irène, Irène, ne maudis pas le sacrifice que nous consentîmes. Ne regrette pas ma passion