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Page:Améro - Le Tour de France d’un petit Parisien.djvu/101

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VI

Le dernier des « vicariants »

Jean s’éveilla assez tard ; déjà le buronnier était à sa besogne, un peu plus lourde en l’absence du boutilier. Les vaches traites, il avait fait cailler le lait ; mais en mettant de côté un grand bol du lait le plus crémeux pour son petit gourmand de Paris. Jean sut apprécier la saveur du lait et la bonté du procédé.

La journée s’écoula en causeries familières. Jean un peu calmé dans son impatience, curieux de son naturel, écouta avec plaisir ce que lui raconta Pierre Villamus, sur son industrie. Le buronnier lui apprit que ces hautes montagnes de l’Auvergne, grâce à leurs pâturages entretenus par d’habiles irrigations, sont classées parmi les propriétés territoriales les plus productives de la France. Durant quatre mois de l’année on y envoie séjourner les vaches. Ces prairies de la montagne, à l’herbe abondante et tendre, n’ont aucune clôture ; une simple borne sert à marquer des limites que les vaches ne dépassent pas d’ordinaire, habituées qu’elles sont à reconnaître le domaine qui leur est assigné. Il fallait voir, disait le buronnier, avec quelle joie elles montent d’un pas léger aux pâturages d’été, lorsque vers le milieu de juin on ouvre les portes des étables où elles ont passé l’hiver, maigrement nourries de fourrages secs ! C’est au mois de juin que le haut pays, demeuré jusque-là blanchi par les neiges, se couvre rapidement de verdure.

Voyant que l’attention du jeune garçon était bien éveillée, le buronnier s’étendit sur les diverses sortes de pâturages de la haute Auvergne. Il y en a sur certains plateaux dont le gazon s’accumule, formant de profondes couches sur lesquelles chaque printemps fait germer une herbe nouvelle.