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Page:Améro - Le Tour de France d’un petit Parisien.djvu/188

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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

rejoindre les opulentes tours d’angles, à toits pointus, terminées par une lanterne ; tours qui se répétaient aux extrémités des constructions constituant la façade opposée du château, qui a la forme d’un carré long.

Jean regardait, émerveillé ; il est certain que Chambord n’a rien d’équivalent ni en France ni en Italie. Mais le jeune garçon avait hâte de trouver à qui parler. Depuis que la voiture avait pénétré dans l’enceinte du domaine, il regrettait qu’on ne se fût pas informé au garde du pavillon d’entrée de cet Isnardon qu’il voulait absolument trouver. Tandis qu’il mesurait de l’œil la hauteur du belvédère, Modeste Vidal avisa un gardien qui s’approchait d’eux. Faisant quelques pas vers lui, il lui dit :

— Nous voudrions visiter le château ; mais auparavant vous pourrez peut-être nous fournir un renseignement… à savoir s’il n’y a pas dans le personnel préposé à sa garde, un ancien sergent nommé Vincent Isnardon.

Le gardien se recueillit un moment et répondit en secouant tristement la tête :

— Le personnel n’est pas nombreux ; le château compte quatre cent quarante pièces, mais elles sont démeublées et ne demandent pas un grand entretien… Au surplus il n’y a personne du nom que vous dites.

Jean survint et n’entendit que ces derniers mots. Il échangea avec le musicien un geste de désappointement.

M. Pascalet mis au courant de la réponse qui avait été faite, conserva son calme et sa confiance.

— Très bien, mon enfant, dit-il à Jean, nous finirons par réussir. À te dire vrai, je n’étais venu à Chambord que pour toi, car je sais que cette résidence, veuve de son maître, est telle que je l’ai vue autrefois. Vous savez, Vidal, continua-t-il, mais Jean ne sait sans doute pas, que le château de Chambord a été arraché aux mains de la bande noire, qui allait morceler ce vaste domaine. Une souscription publique a permis de l’offrir au duc de Bordeaux. »

» Auparavant, le château, son parc et toutes les fermes qui en dépendent, avaient été donnés en dotation à la Légion d’honneur, pour y établir une succursale de la maison d’éducation de Saint-Denis, ouverte aux filles des légionnaires. Mais Napoléon Ier racheta le château et les terres, et érigea le tout en principauté de Wagram au profit du maréchal Berthier : c’est la veuve du maréchal qui mit le château en vente avec l’autorisation de Louis XVIII. C’est que, voyez-vous, un pareil cadeau est embarrassant. Il y a bien autour du château des forêts spacieuses, peuplées de cerfs, de che-