Page:Améro - Le Tour de France d’un petit Parisien.djvu/21

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
13
LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

À Foug, dès le commencement des hostilités deux galeries parallèles avaient été pratiquées dans l’épaisseur de la voûte. On ne s’était pas trouvé en mesure d’en faire usage avant l’arrivée de l’ennemi, mais on avait pu masquer l’entrée de ces galeries par une maçonnerie légère.

À Fontenoy, le fourneau de mine creusé dans la première pile du pont, du côté de la frontière, datait de la construction même du pont, et descendait jusqu’au niveau des hautes eaux. Au commencement de la guerre, la dalle couvrant le trou de descente avait été enlevée et remplacée par une cheminée en maçonnerie montant jusqu’au ballast.

À Liverdun, il n’y avait pas de fourneau de mine préparé ; le travail à faire était long, pénible, bruyant ; en outre la destruction du chemin de fer entraînait celle de l’un de nos plus beaux ouvrages d’art : au même endroit, le canal de la Marne au Rhin qui longe la Moselle de Toul à Frouard, franchit ce cours d’eau sur un beau pont de douze arches.

En renonçant à Liverdun, l’expédition devait se porter sur Foug ou sur Fontenoy. On n’ignorait pas que le tunnel de Foug était gardé à chacune de ses ouvertures par des postes nombreux et une batterie de mitrailleuses placées en enfilade. D’après le calcul des ingénieurs de la compagnie de l’Est, il ne fallait pas moins d’un millier de kilogrammes pour déterminer l’éboulement du souterrain, tandis que 400 kilogrammes devaient suffire pour faire sauter le pont de Fontenoy. Tout bien pesé, ce fut décidément un coup de main sur Fontenoy qui fut décidé. Fontenoy, village situé sur la Moselle non loin de l’endroit où cette rivière absorbe la Meurthe, était à environ sept lieues de Gibeaumeix, où l’on se trouvait.

On savait la gare et le village occupés par un détachement de landwehrs. Il s’agissait d’enlever le poste à la baïonnette et d’empêcher les soldats logés chez les habitants de donner l’alarme. Plus rien alors ne s’opposait à ce que le pont fût détruit. Mais tout cela devait être exécuté avant le lendemain.