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Page:Améro - Le Tour de France d’un petit Parisien.djvu/255

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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

Le yacht contourna la presqu’île de Quiberon qui ne tient à la terre ferme que par un isthme de dunes, et pénétra dans l’estuaire du Blavet, sur la rive droite duquel est le port militaire de Lorient. Le trajet avait duré six heures. Le restant de la journée fut employé à visiter la ville et les environs.

Ce n’est que le lendemain que le Richard Wallace reprit la mer. En avant de l’estuaire se présentait l’île de Groix. On la laissa sur la gauche pour suivre le littoral en longeant successivement la baie de Concarneau, l’anse de Bénodet, la pointe de Penmarch, — rocheuse, granitique, escarpée et battue ce jour-là, par une mer tourmentée — la baie d’Audierne, séparée de la baie de Douarnenez par la pointe ou bec du Raz. Devant cette pointe se détache l’île de Sein. Après la baie de Douarnenez se présenta la presqu’île de Crozon, terminée par le cap de la Chèvre, puis le golfe de l’Iroise échancrant la côte, et au fond duquel est la rade de Brest, vaste bassin communiquant avec la mer par l’étroit passage dit le Goulet. Au nord de la rade se trouve la ville de Brest et son port militaire. Brest était désigné d’avance pour une nouvelle station. Le Richard Wallace ne repassa le Goulet que le lendemain, mais de bonne heure ; car il s’agissait d’atteindre ce jour-là Paimpol, c’est-à-dire de passer de l’Atlantique dans la Manche et du Finistère dans les Côtes-du-Nord. Il ne fallait pas moins de dix à douze heures avec un temps favorable.

Le yacht doubla donc la pointe de Saint-Mathieu, la pointe de Corsen, qui est la plus occidentale du continent, la pointe du Four. Détachée en avant de la côte, l’île d’Ouessant, avec son phare dont le feu est visible en mer dans un rayon de quarante-quatre kilomètres, forme la tête d’une chaîne de petits îlots séparés de la terre ferme par des passages assez dangereux, le passage du Fromveur ou du Grand-Effroi, le chenal du Four, etc. La côte toujours bordée d’îlots et de récifs granitiques moyennement élevés, se dirigeait au nord jusqu’à la pointe de Bloscon, qui s’avance vers l’île de Batz et abrite le port de Roscoff. Le yacht passa ensuite devant le double enfoncement dans lequel sont plusieurs ports, dont le principal est celui de Morlaix.

La côte rocheuse et granitique était bordée d’écueils et d’îlots : les Sept Îles, l’île de Saint-Gildas, l’île Er, etc ; jusqu’au Sillon de Talberg, chaussée naturelle de cailloux qui est la pointe la plus septentrionale de la Bretagne. Sa côte toujours rocheuse et coupée presque à pic, est semée de bancs de sable, mais ces bancs rendent ces parages tout aussi dangereux que les roches. En contournant la pointe du Sillon se présentèrent les îlots de Bréhat, dont le plus au nord, les Héaux de Bréhat, est signalé par un phare, l’un