Aller au contenu

Page:Améro - Le Tour de France d’un petit Parisien.djvu/483

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
475
LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

fendre ! Fin bien plus triste encore pour ces soldats étrangers, victimes d’une politique haineuse, venus d’outre-Rhin pour achever contre ce mur un rêve de gloire et de domination !

» La société de Saint-Jean consentit à nous abandonner la fabrique, et l’on se mit en mouvement pour s’organiser. En allant à la recherche d’aides, nous entendîmes tout à coup un immense hourrah s’échapper de trois cent mille poitrines ; et presque aussitôt les musiques militaires éclatèrent de tous côtés en fanfares joyeuses. Il y en avait une près de nous qui jouait l’air d’Offenbach : « C’est moi qui suis la reine ».

» Qu’était-ce donc ?

— Messieurs, nous dit un officier prussien, l’empereur Napoléon vient de remettre son épée au roi. L’armée française est prisonnière.

..............................................................................................................................................................

Nouveau temps d’arrêt dans la narration, nouveau silence pénible. Et toujours chaque récit aboutissait à la capitulation…

— Enfin, puisqu’ils avaient tous fait largement leur devoir ! conclut le bourgeois de Bazeilles avec un soupir. Messieurs, buvons un coup en l’honneur des braves !

Il remplit les verres, et il éleva le sien — simple hommage d’un honnête homme — qui, lui aussi, avait fait son devoir.

— Vous pouvez, reprit-il d’un ton plus libre, par le château de Montvillé, la Moncelle et Daigny remonter la vallée de la Givonne jusqu’à Givonne, et pousser même jusqu’à Illy ; puis, de là, revenir à Sedan par le bois de la Garenne. Il ne vous faut guère que quatre ou cinq heures, et vous aurez visité la partie la plus intéressante du champ de bataille de Sedan sur la rive droite de la Meuse.

— Ce que je voudrais voir, dit Jean, c’est l’endroit où la cavalerie a exécuté ces charges désespérées qui arrachèrent ce cri au roi de Prusse : Oh ! les braves gens !

— Pour cela, il faudrait monter au nord de Sedan, vers le Calvaire d’Illy. C’est du plateau que Ducrot lança la division de cavalerie Margueritte et des fractions des divisions Bonnemain et Fénelon, qui débouchèrent rapidement d’une dépression de terrain où elles étaient massées entre le bois de la Garenne et Floing, pour se rabattre ensuite sur l’ennemi qui défilait au nord, achevant son mouvement tournant. Le général Margueritte fut blessé mortellement en s’avançant pour reconnaître le terrain. Aussitôt le général de