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Page:Améro - Le Tour de France d’un petit Parisien.djvu/517

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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

Dans un autre arrondissement, il vit Clermont, bâti sur une colline abrupte dont une petite rivière, la Brèche, baigne le pied. Le donjon de l’ancien château des comtes de Clermont et plusieurs corps de bâtiments étagés tout autour, sont occupés par une maison centrale de détention pour femmes. Le nom de cette ville réveille le souvenir de la Jacquerie : Jacques Bonhomme, ou plutôt Guillaume Caillet, que les paysans en armes avaient choisi pour chef était des environs de Clermont.

Au nord-est du département, Jean passa par Noyon. Cette petite ville de 7 à 8,000 habitants, située au pied et sur le penchant d’une colline, près de la belle vallée de Chauny, est bien bâtie, elle a des rues aérées, des fontaines ; elle est traversée par la petite rivière de Vorse et entourée de jolis jardins. On y montra à l’humble colporteur une ancienne maison, dite maison de Calvin, et qui passe à tort pour avoir vu naître le chef de la seconde branche du protestantisme. Toutefois, il est exact que le célèbre réformateur est né à Noyon.

Au sud, il vit Creil sur la rive gauche de l’Oise, relié à la rive droite par un pont dont le milieu repose sur une petite île, autrefois défendue par un château fort dont il ne reste que quelques vestiges, non loin des ruines de l’ancienne église canoniale de Saint-Évremont. Cette ville est le point de raccordement de plusieurs lignes de chemins de fer. Creil, qui fait un grand commerce de grains, de farine et de bestiaux, possède dans les coteaux pittoresques qui avoisinent l’Oise, des carrières de pierres très dures. Mais ce qui a créé la fortune du pays, c’est la grande manufacture de faïence, façon anglaise, dont les bâtiments sont au bord de la rivière.

Enfin Jean pénétra dans le Valois, cette très ancienne et très petite province de France, que Gérard de Nerval a si bien comprise et décrite ; qu’il a surprise pour ainsi dire, dans sa vie endormie et réveillée dans son passé. Le Valois, limité au nord par le Soissonnais, au midi par la Brie, au levant par la Champagne, au couchant par le Beauvoisis occupe le coin oriental du département de l’Oise.

Il faisait partie du domaine de Hugues Capet. On y rencontre des rochers de grès sombres, monuments druidiques qui surgissent du milieu des bruyères ; une route romaine y porte le nom de chaussée de Brunehaut. Et certainement, dans ses vieux édifices, dans le caractère de ses habitants, leur manière de vivre simple et régulière, on peut ressaisir quelques traces, plus effacées ailleurs, de la vieille France ; on a l’impression des siècles écoulés.

Jean ne pouvait percevoir cette impression ; mais il demeurait frappé de