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Page:Améro - Le Tour de France d’un petit Parisien.djvu/589

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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

quais Saint-Yves, d’Orléans et Chateaubriand, puis au Thabor, belle promenade bien plantée, séparée du jardin botanique par une grille.

Dans un vaste carré, Jean vit là une statue de Du Guesclin : Rennes devait bien cet hommage à « monsieur Bertrand, le bon connétable aux poings carrés », qui la délivra des Anglais du comte de Lancastre qui l’assiégeaient (1357). — Du sommet de la butte, la vue s’étend à plusieurs lieues de distance sur l’agreste vallée où la Vilaine promène ses eaux paresseuses.

La ville de Rennes, telle que nous venons de la décrire, Jean la vit dans tous ses détails. Il eut largement le temps de tout visiter : la cathédrale Saint-Pierre, Notre-Dame, l’archevêché, Saint-Sauveur, le palais de justice, où il remarqua de chaque côté du perron les statues des jurisconsultes d’Argentré, né à Vitré et Toullier (né à Dol), celles du procureur général la Chalotais, et, de l’avocat Gerbier, gloires du barreau de Rennes, leur ville natale.

Cette apparition d’illustres Bretons mit Jean en goût d’érudition. Il acheta une petite notice du département, qu’il se mit à feuilleter tout en cheminant, et une heure après, il savait que l’Ille-et-Vilaine pouvait revendiquer avec orgueil des grands écrivains tels que Chateaubriand et Lamennais ; des philosophes et des savants tels que Maupertuis, la Mettrie, le docteur Broussais, Amaury-Duval ; des navigateurs, des marins comme Jacques Cartier, Duguay-Trouin, le vice amiral La Motte-Picquet, le comte de Guichen, Surcoufle Malouin ; des hommes d’État, des administrateurs, tels que le comte Lanjuinais, Mahé de la Bourdonnais qui fut gouverneur des Indes ; et encore l’auteur dramatique Duval, le romancier Paul Féval, le peintre et critique d’art Henri Delaborde… Bel apport à la patrie commune ! Et le département d’Ille-et-Vilaine n’est pas toute la Bretagne…

Alors, tout d’un coup, Jean fut pris d’une envie folle, irréalisable : tout voir dans cette vieille province, s’initier à tout. Il avait aperçu Vitré, il parcourait Rennes, mais Fougères au nord ? Saint-Malo sur la Manche ? Et Redon à l’extrême sud ? Il trouverait Montfort sur sa route, c’est bien ; et aussi Lamballe, et Saint-Brieuc, et Châtelaudren, et Guingamp, et Morlaix ; mais le beau château féodal de Combourg, patrimoine des Chateaubriand ? mais la tombe du plus illustre représentant de cette famille, sur le rocher solitaire du Grand-Bey, vis-à-vis de Saint-Malo ? mais tous ces vieux châteaux en ruines qui donnent un aspect si caractérisé à cette partie de la France ? mais surtout le château de Tonquédec, de tous les châteaux, de toutes les ruines de la Bretagne, la grande et la riche merveille ? Tonquédec que l’on a surnommé le Pierrefonds de l’Armorique ?