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Page:Améro - Le Tour de France d’un petit Parisien.djvu/620

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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

— On ne sait pas où il est, not’e maître ; avant-hier il est parti sans dire bonsoir à personne. Hier matin on ne l’a pas retrouvé. Faut croire qu’il avait déménagé dans la nuit. On parle de lui comme d’un ustuberlu, sauf respect !

— Ce pauvre baronnet a décidément perdu l’esprit, dit Maurice. Pour hurluberlu, il l’a toujours été, puisqu’il a mis dans sa tête de n’avoir jamais de Français pour gendre…

— Si nous allions nous-même aux renseignements ? suggéra Jean.

Maurice approuva. Ils passèrent l’Adour et se trouvèrent dans la cité balnéaire. Une fontaine publique, la fontaine Chaude, y jaillissait dans un bassin de quatre cents mètres de surface : c’était comme l’enseigne, le blason de la ville ; mais de tous côtés se présentaient les établissements thermaux : bain Hirigoyen, bain Lavigne, bain Auguste-César, bain romain, le grand établissement des Thermes d’où s’était « ensauvé » sir William, les Baignots, le bain Lauquet, le bain Sarrailh ; et sur les murs, des affiches, des réclames en faveur des eaux chlorurées sodiques de Pouillon, de l’eau sulfureuse de Gamarde, des sources sulfureuses froides et des bassins de boue de diverses localités ; avec cela, appels séduisants aux poitrines faibles, aux larynx détraqués, aux détenteurs de rhumatismes, goutte, névralgies, névroses rebelles et paralysies obstinées.

— Il avait choisi un bon endroit, votre futur beau-père, pour se faire administrer des douches, observa Jean.

— Mon futur beau-père ! Pas encore… si au moins, j’avais le bonheur de le ramener à sa famille !… Mais voyez-vous, mon ami, comme c’est peu facile !… Nous n’avons pourtant pas perdu de temps pour venir…

Les renseignements recueillis au grand établissement des Thermes étaient on ne peut plus contradictoires. Le gardien de la tour de Borda, — ancien observatoire du géomètre Borda, né à Dax, — affirmait avoir vu « l’Anglais » se diriger à pied vers les Grandes Landes. Le sacristain de la cathédrale avançait avec non moins d’assurance que l’avant-veille, dès le petit jour, le « huguenot », lui et non un autre, suivait la route de Mont-de-Marsan. Or, Mont-de-Marsan est à l’est de Dax, les Grandes Landes s’étendent au nord et à l’ouest jusqu’aux dunes du littoral. Comment concilier ces deux affirmations et quelle préférence donner à l’une ou à l’autre des directions indiquées ?

Jean ouvrit un avis : il pourrait aller à Mont-de-Marsan, et Maurice accompagné du Breton, du côté des Grandes Landes. Ce plan assez sage fut