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Page:Améro - Le Tour de France d’un petit Parisien.djvu/654

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IX

Les rives de la Garonne

Toutes ces promenades dans les Pyrénées avaient pris bien des jours ! Comme le baronnet ne disait jamais ce qu’il comptait faire le lendemain, et que chaque soir Maurice et Jean s’étaient flattés de ne passer pas une journée de plus dans les montagnes, le jeune du Vergier n’était pas entré en communication directe avec le gendre du baronnet, sir Henry Esmond, dont la présence eût pu être d’un grand secours. Il est permis aussi de penser que Maurice, ayant mis la main sur le baronnet, non sans peine comme on l’a vu, tenait à mener lui-même son œuvre à bonne fin. Il attendait une si belle récompense ! En somme, et comptant sur l’assistance de Jean, il ne faisait aucune tentative sérieuse pour appeler à lui Henry Esmond. Sa responsabilité se trouvait couverte par cette parole du baronnet, bien des fois répétée :

— Je parté démain… Et vô ?

— Moi, je vous suis… avec votre permission.

— Cette départemente que je voulé acheter ? Dites-moi où ?

— Je vous y conduirai, sir.

— Mais son nom ? dit une fois le baronnet toujours désireux de savoir jusqu’à quel point le jeune Normand faisait semblant de croire à ce prétendu caprice d’un prétendu fou.

— C’est l’Orne, hasarda Maurice au risque de brusquer les choses.

— Pas loin de Caen ? demanda sir William finement.

Maurice et lui se regardèrent et éclatèrent de rire au nez l’un de l’autre. Lequel des deux se moquait de son partenaire ?