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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

rigoureusement, ils ont pris la fuite, perdant sans doute tout leur avoir, puisque nous les retrouvons amusant le carrefour au prix de leur vie…

— Quelle rencontre ! s’écria Maurice frappé d’étonnement.

— J’ai compris la terreur de Risler à ma vue ; mais je regrette bien d’être pour quelque chose dans l’accident… dans le malheur…

— C’est le châtiment ! fit Maurice. Vous n’y pouvez rien, mon ami.

— Et Hans Meister avec eux ! Comment cela a-t-il pu se faire ? Dans un piteux état, l’Allemand !

— C’est votre voleur ? dit Maurice ; ne ferez-vous rien pour qu’on l’arrête ?

— Non, car je suis rentré en possession des papiers dérobés : à l’heure présente, ils doivent être entre les mains de mon vieil ami Bordelais la Rose. J’avais demandé qu’on les lui adressât le plus tôt possible, n’ayant pas d’autre domicile fixe à indiquer. Mais comme la chose mérite examen, je vais tout de suite télégraphier à Mérignac. Si j’étais déçu…

— Vous n’hésiteriez pas, je pense, à faire coffrer ce vilain joueur d’orgue ? Jean s’esquiva vers le bureau du télégraphe.

Comme il allait y entrer Méloir passa en courant, se dirigeant vers l’hôtel du baronnet. Jean le saisit par le bras.

— Mais c’est la femme à votre oncle ! c’est la grosse mère, la patronne de la loge !

— Je le sais bien.

— Vère ! Elle est morte en arrivant à l’hôpital, v’là votre oncle veuvier ! Fallait voir comme elle criait, avec sa jupe rose et sa couronne de fleurs sus la tête !

Jean pâlit et lâcha le gars. Une minute après il rédigeait la dépêche suivante à l’adresse de l’ex-zouave :

« De Limoges. Toujours empêché d’aller à Mérignac. Recevrez ou avez reçu papiers de réhabilitation. Risler ici : sa femme avalait des sabres ; vient de se blesser mortellement, effrayée par ma présence. Suis encore avec le fils de la baronne. Après vous avoir vu, irai au Niderhoff réclamer contre accusation de trahison. À bientôt. »

Jean ne parla pas de Hans Meister. Mais combien la présence de l’Allemand à Limoges l’intriguait !

Le soir même il reçut par le télégraphe une réponse en ces termes :

« Content de toi. Ton succès de Lourches m’a rendu mes jambes de vingt ans. Reçu le carnet et les papiers du véritable traître. Vais partir pour le Niderhoff où ferai mieux que toi. »