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Page:Améro - Le Tour de France d’un petit Parisien.djvu/701

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XIII

Vendanges de Bourgogne

Jean s’irritait de cette course au clocher, au moins autant que son ami du Vergier. Si celui-ci trouvait matière à lamentations dans cet insuccès relatif qui ne devait pas le placer bien haut dans l’estime de miss Kate, le petit Parisien pouvait déplorer avec bien plus de raison de se voir détourner de la réalisation de ses projets les plus chers : s’instruire, se créer d’honnêtes moyens d’existence. Jean n’osait s’avouer que le mobile secret de tous ses efforts tendait à se rapprocher de mademoiselle du Vergier, — si éloignée de lui maintenant par le rang et la fortune ! Pour ne point se sentir trop écrasé par la tâche qu’il s’imposait, il tendait, pensait-il, vers un but plus modeste : acquérir le plus possible ces bonnes manières, cette sûreté de jugement qui appartenaient à Maurice, diminuer la distance qui les séparait.

— Cela forme, les voyages, lui disait parfois son ami.

Et Jean finissait par croire que tout ce mouvement qui lui était communiqué par l’Anglais spleenique ne serait pas à pure perte. Il redoubla d’attention, afin de mettre le temps à profit. Le baronnet une fois à Nevers, fut pris d’une folle envie de s’en aller dans tous les directions autour de cette ville, sans même donner un coup d’œil à l’ancienne capitale du Nivernais. On eut dit vraiment que sa lubie d’acheter un département tout entier prenait force dans son cerveau détraqué.

Jean vit donc le département, et il lui apparut dans son ensemble comme une vaste forêt montueuse entrecoupée d’usines. Les forêts couvrent près du tiers de son sol ; elles gravissent des montagnes aux formes arrondies,