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Page:Améro - Le Tour de France d’un petit Parisien.djvu/757

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LE TOUR DE FRANCE D’UN PETIT PARISIEN

pour se dégourdir un peu, retrouva Jacob sur le seuil de l’hôtel, fumant une pipe.

— Nous partirons demain, lui déclara celui-ci. Je me sens de force à porter le Mont-Blanc sur mes épaules : ce n’est rien ta balle ! Mais, dis-moi, ce ne sont pas ces Savoyards, qui serrent leurs gros sous jusqu’au soleil de juin, qui nous achèteront des livres, ni les montagnards du Dauphiné ? Si nous allions à Lyon ?

— Ce n’est pas une mauvaise idée, répliqua Jean.

— Tu vois, je puis même donner de bons conseils !

— Certainement, mon oncle, — quand vous voulez…

Et ils partirent pour Lyon, en effet, par le chemin de fer. Mais en route, Jean réfléchit que la grande ville de Lyon devait être un maigre champ à exploiter ; avec tant de libraires que restait-il à glaner au porteballe ? Il fut donc décidé qu’on ne séjournerait pas à Lyon, qu’on se dirigerait vers Saint-Étienne à petites journées. C’est ce qu’ils firent après s’être reposés deux jours à Lyon.

On était au 10 décembre. Ce moment de l’année n’est pas le plus agréable pour arpenter les routes. Ce trajet de Lyon à Saint-Étienne, que l’on peut faire en train express en moins de deux heures, ils mirent quinze jours à l’accomplir en s’arrêtant successivement à Oullins, ville de 7,000 habitants, aux villages d’Irigny et de Vernaison, au hameau de la Tour, à Millery, à Grigny. Ils avaient franchi la Saône près de son confluent avec le Rhône, traversé l’Yzeron, et plusieurs fois un petit bras du Rhône. Ils séjournèrent près d’une semaine à Givors, ville d’environ 12,000 habitants, située à gauche du chemin de fer de Roanne à Lyon par Saint-Étienne. Les maisons en sont bâties au pied d’un coteau et sur la rive droite du Gier, qui s’y jette dans le Rhône. Sur ce coteau, on voit les ruines du château de Saint-Gérald et du couvent de Saint-Ferréol. Givors possède un pont en fil de fer sur le Rhône. Un canal le met en communication avec Rive-de-Gier, principalement pour le transport des houilles.

Ils passèrent par Trèves et Burel, firent une pointe jusqu’aux mines de Tartaras, et s’arrêtèrent à Rive-de-Gier, ville de 17,000 habitants assise sur les deux bords du Gier. C’est une des plus importantes localités du grand bassin houiller de la Loire, qui s’étend dans le département de la Loire et du Rhône. Une forte partie de la population y travaille aux mines ; mais il y a d’autres industries. La fabrication des bouteilles y est très développée, et le moulinage de la soie y emploie beaucoup d’ouvriers.