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Page:Améro - Le Tour de France d’un petit Parisien.djvu/83

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IV

Dans la forêt

Sur le chemin d’Aurillac à Salers roulait le char à bancs du père Abel. La route longeait la pente occidentale du gigantesque massif du Cantal, traversant plusieurs vallées qui ouvraient à la droite des voyageurs des perspectives prolongées jusqu’au centre même du massif volcanique.

À deux ou trois kilomètres en arrière, s’avançait un jeune garçon, tantôt marchant d’un pas rapide et nerveux, tantôt courant au pas gymnastique.

Bien qu’il ne fût pas venu en Auvergne pour voir le pays, Jean, très étonné de cette nouveauté pour lui des aspects de la France centrale, regardait à droite et à gauche tout en se hâtant. Il n’aurait jamais imaginé rien de pareil au spectacle que présentait cette accumulation de hautes montagnes, soudées les unes aux autres dans une convulsion terrestre, ou, violemment séparées par une autre convulsion, creusant entre elles des vallées disposées comme les rayons d’une roue, dont le Plomb du Cantal serait le moyeu. Il se rappelait les ballons arrondis des Vosges, et ne trouvait aucune ressemblance avec cette partie du sol français, qu’on dirait formée d’hier.

Il aurait voulu connaître le nom de tous les hameaux, celui des ruines féodales qu’il apercevait sur les premiers gradins des grands monts, et savoir aussi à qui appartenaient les châteaux des trois derniers siècles semés dans les prairies et les bois, les villas modernes, et jusqu’aux fermes échelonnées le long de la route.

Parlois il questionnait un piéton tout surpris de rencontrer dans ces campagnes un enfant évidemment échappé de la veille des faubourgs de quelque grande ville. Il sut, ainsi, qu’il traversait le carrefour des quatre chemins