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critique sociale

d’autres aux langueurs de la phtisie et du rachitisme. Ils en ont frappé jusque dans le sein de leurs mères exténuées par les privations. Et combien de vieillards, de malades, de souffreteux, ont péri pour faire banqueter et danser les puissants sur les tapis de l’Hôtel de Ville ?

Les chantres du gaspillage étalent avec orgueil les brillants profits du commerce de luxe. Ils ont soin d’oublier les transactions supprimées dans le commerce du nécessaire par les razzias des millions municipaux.

N’auraient-ils pas su, les malheureux ainsi dépouillés, employer leur argent en dépenses aussi modestes, aussi utiles, que les folies de la préfecture sont odieuses et funestes ? Et, devant un pareil cynisme, l’économie politique garde le silence ! Elle connaît le crime de ces profusions, elle en comprend le désastre, et elle se tait ! Alliés, ou plutôt compères et valets du capital, les tenants de la science officielle couvrent le méfait pour en partager les profits.

Ici pourtant, pas d’excuse possible à leur complicité. Il ne s’agit plus de justifier l’usure par des sophismes, sincères où non. Il s’agit d’une iniquité flagrante, violatrice des premiers principes de l’économie estampillée elle-même. Sou par sou, on enlève aux serfs du salaire le prix de leurs sueurs. Le sou eût acheté le morceau de pain du pauvre. On en construit la pièce de vingt