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Page:BLANQUI - Critique sociale, I.djvu/105

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le luxe

francs qui offre gratis aux riches les pâtés de foie gras. La réprobation d’un tel scandale est l’a b c du métier, et les économistes se taisent !

Puisqu’on sait faire un meilleur usage que le pauvre de l’argent gagné par le pauvre, pourquoi s’arrêter en si beau chemin, et lui réserver quelque chose ? Prenez-lui tout et donnez un bal chaque jour.

Ah ! c’est que le pauvre expirerait sur le coup, et qu’il faut bien lui laisser de quoi l’empêcher de mourir, Qui suerait des écus pour les satrapes ? Et c’est l’explication naïve que donne en effet l’économie politique. « L’expérience démontre », disent ces précieux savants, « que le salaire se réduit toujours strictement à ce qui est nécessaire pour ne pas mourir. » Le capital prend tout ce qu’il peut prendre. Il ne s’arrête que devant le cercueil où il descendrait lui-même avec sa victime.

« Mais, » s’écrie l’apologiste officieux, « ce n’est pas le commerce seulement qui bénéficie de ces dépenses. C’est encore et surtout l’ouvrier. Voulez-vous donc le vouer au chômage, lui ôter son travail et son pain ? »

Hypocrite ! s’appuyer du travailleur contre le travailleur ! Pourquoi avez-vous condamné l’ouvrier à l’industrie du luxe ? Il n’y tient pas. C’est la nécessité qui l’oblige d’abandonner les industries sérieuses pour ces futilités. L’impôt et le