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les apologies de l’usure

Oh ! joli, bien joli ! Ces trois lignes sont l’arrêt sans appel de l’économie politique, prononcé de sa propre bouche et avec les considérants les plus burlesques.

Un siècle durant, démonter chaque jour pièce à pièce le mécanisme du corps social, en saisir sur le vif les détraquements meurtriers, mettre à nu et compter une par une les blessures saignantes dont ses désordres criblent l’humanité, distinguer pleinement en fonction le grand ressort auteur de tant de maux, et ne pas même s’enquérir si cette affreuse mécanique est susceptible de réparations, cela est fort !

Tous les économistes ont constaté les prélèvements insatiables du capital. Ils ont vu le travail exténué, affamé par cette gloutonnerie féroce. Leur est-il échappé un mot de blâme ?… blâme, c’est trop… de regret ?… trop encore… de pitié, de simple pitié ?… rien, pas même une observation. Rien ! rien ! Ça ne les regarde pas. Scribitur ad narrandum non ad probandum. Ces messieurs écrivent pour raconter, non pour démontrer.

L’économie politique n’a jamais été une science. C’est de l’anatomie froide et brutale, un inventaire d’amphithéâtre, une leçon sur le cadavre. Elle ouvre et fouille le corps social, en fait une minutieuse dissection, et dresse procès-verbal de l’autopsie. L’impression qu’elle ressent dans cette