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Page:BLANQUI - Critique sociale, I.djvu/151

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les apologies de l’usure

pas de place pour lui au banquet de la vie, et la nature lui ordonne de partir. »

La nature, non ! très cher maître.

La nature, au contraire, lui ordonne de rester et de mettre quelque chose dans son estomac, fût-ce un quartier de derrière ou de devant des particuliers qui lui enjoignent si honnêtement de s’embarquer pour le grand voyage.

Pour peu qu’il ait des enfants qui pleurent la faim, il leur donnera de grand cœur le fils ou la fille grassouillette de Fun des banqueteurs si gaillardement attablés. Il sera sûrement pendu, ou roué, ou grillé vif, et puis un autre, une foule d’autres après lui. Ce que voyant, les obstinés, qui se refusent à parti avant l’heure, comprendront sans peine l’impossibilité de lutter seuls contre des convives si bien nourris. Ils se mettront alors plusieurs pour déranger le festin.

C’est ce qu’ont fait les Bagaudes, les paysans d’Allemagne, les Jacques, etc., et il s’en est suivi des désagréments pour les festineurs. Du moment que la controverse devenait une question de force, le nombre pouvait prendre la parole, et les Jacques possédaient le nombre. Mais l’instruction aussi est une force, et celle-là malheureusement leur manquait. Ils ont bien dû s’en apercevoir quand, bon gré, mal gré, on leur à fait faire le grand voyage.

Aujourd’hui les travailleurs ont le nombre aussi,