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Page:BLANQUI - Critique sociale, I.djvu/153

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les apologies de l’usure

qui me remplissait d’étonnement. Un dimanche, il nous raconta que, la nuit précédente, entendant tout à coup battre la générale dans une caserne voisine, le cœur lui avait bondi de joie et d’espérance. IF croyait à un soulèvement populaire. Singulière méprise chez une si forte tête ! Il s’agissait simplement du départ des troupes pour une garnison nouvelle.

Je doute, hélas ! qu’aujourd’hui, s’il vivait, la générale lui fit battre le cœur du même genre d’émotion. Nous subissons cependant la seconde de ses bêtes noires, la dynastie napoléonienne, et, pour un amant de la liberté, la situation est pire certainement qu’en 1820. Mais les temps sont bien changés, et les bourgeois ne ferraillent plus au service de la Révolution. Ils appelleraient maintenant contre elle Satan lui-même, si le pauvre diable était encore de ce monde.

Jean-Baptiste Say, lui, à pu mourir avec sa haine intacte. Il ne la dissimulait guère. Peu après la mort du prisonnier de Sainte-Hélène, on causait à table, un dimanche, de la maladie qui l’avait emporté. Chacun d’émettre son hypothèse : un cancer… une affection du foie… voire un empoisonnement, « Non, »dit Say, « rien de cela. Il est mort d’une majesté rentrée. »

Le mot n’est plus neuf. On l’a bien souvent répété. Mais l’économiste en a la priorité incontestable, car l’événement était de la veille. Il me