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Page:BLANQUI - Critique sociale, I.djvu/184

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critique sociale

chie d’argent, cessait de travailler pour jouir de ses rentes, la génération aux écus laisserait après elle la dépopulation et la misère. Aussi le socialisme se garde-t-il de viser un pareil but. Loin de là, il rêve un avenir affranchi de la tyrannie de l’or. L’échange par le numéraire, métal ou papier, à suffisamment donné la preuve de son impuissance à fonder l’ordre social sur la justice, Telle est cependant la condition imposée par le progrès des lumières, et il faudra bien s’y soumettre. Question de temps et d’activité.

En attendant que la monnaie soit évincée du mécanisme économique, notre époque à vu un exemple mémorable de sa toute-puissance, la Californie ! Pays sauvage, désert, il ne s’y trouve ni un morceau de pain, ni un morceau d’étoffe, ni une hutte de paille. Rien que le silence, le roc ou le friche. L’or y apparaît tout à coup entre des pierres. On ne le mange pas, l’or, la rhétorique le dit, sans se tromper cette fois. Non ! il ne se mange pas, et cependant, à cette nouvelle, une marée humaine S’abat sur la plage aride et nue.

De tous les points du globe on accourt, abandonnant patrie et famille. Les soldats désertent, les marins désertent, les ouvriers désertent. Toutes les classes, toutes les conditions, professeurs, avocats, médecins, commerçants, industriels, propriétaires, tout se précipite vers ces solitudes lointaines, sans s’inquiéter ni de la