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Page:BLANQUI - Critique sociale, I.djvu/199

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le communisme, avenir de la société

choses ne se passent pas ainsi, ni chez les hommes, ni dans la nature.

La communauté s’avancera pas à pas, parallèlement à l’instruction sa compagne et son guide, jamais en avant, jamais en arrière, toujours de front. Elle sera complète le jour où, grâce à l’universalité des lumières, pas un seul homme ne pourra être la dupe d’un autre. Ce jour-là, nul ne voudra souffrir l’inégalité de fortune. Or, le communisme seul satisfait à cette condition. Les gens instruits ne la subissent aujourd’hui, cette inégalité, que par une nécessité d’honneur. Contre le vol social, la conscience interdit, au nom de la solidarité, toutes représailles particulières. Le voleur n’est qu’un émule du déprédateur capitaliste.

On objectera peut-être que l’égalité de l’éducation n’entraîne point du tout celle des intelligences, et qu’il restera toujours l’inégalité des cerveaux pour constituer une hiérarchie intellectuelle, depuis le génie jusqu’à la nullité.

D’accord. Mais chez le plus pauvre cerveau, l’instruction intégrale sera une armure suffisante, à l’épreuve de la tromperie, quel qu’en soit le masque. L’expérience le prouve. L’exploiteur rencontrerait sur chaque visage ce sourire écrasant qui veut dire : « Banquiste, va ! » La conviction de son impuissance lui épargnera ce déboire. D’ailleurs, l’ordre établi n’étant point une