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le communisme, avenir de la société

pour prolonger les ténèbres, son milieu vital. Au socialisme la tâche opposée : faire émerger de la nuit présente le ciel lumineux qui éclairera sa victoire, victoire de la justice et du sens commun, sur la malfesance et l’absurdité. Sa mission alors sera remplie.

On prétend toutefois exiger de lui davantage. La doctrine capitaliste, qui a comblé et comble encore le genre humain de tant de bienfaits, se tourmente fort de voir son pupille s’acheminer vers d’autres drapeaux. Dans sa sollicitude, elle somme le communisme, son jeune rival, d’exposer par le menu les détails de l’organisation future, de résoudre toutes les difficultés qu’il lui plaît de prévoir, de servir enfin à sa curiosité un édifice, complet de la cave au grenier, sans omission d’un clou ni d’une cheville.

« Comment le citoyen de la nouvelle Salente disposera-t-il de sa personne, de son temps, de ses fantaisies de voyage ou de repos ? Qui lavera la vaisselle ? Qui balaiera ? Qui videra les pots de chambre et remplira les tinettes ? Qui tirera la houille des mines, etc. ?»

À ces interrogations impertinentes une seule réponse : « Cela ne vous regarde pas, ni moi non plus. »

Eh ! quoi ! Voici quarante à cinquante millions d’hommes, tous ferrés à glace, mieux que pas un académicien, tous armés de pied en cap contre la