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Page:BLANQUI - Critique sociale, I.djvu/206

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critique sociale

violence et la ruse, tous susceptibles comme des sensitives, ombrageux comme des chevaux sauvages. Rien de ce quelque chose d’exécrable et d’exécré qui s’appelle un gouvernement ne pour- ait montrer son nez au milieu d’eux ; pas une ombre d’autorité, pas un atome de contrainte, pas un souffle d’influence ! Et ces quarante millions de capacités, à qui nul de nous n’irait à la cheville, auraient besoin, pour s’organiser, de nos conseils, de nos règlements, de notre férule ! Ils ne sauraient, sans nous, où trouver des chemises et des culottes, et ils seraient gens à mettre dans leur oreille, si nous ne les avions prévenus qu’on mange par la bouche ! C’est fort. Quant à moi, S’ils venaient me relancer dans ma tombe sur la question des pots de chambre, je leur dirais tout net : « Quand on ne sait pas se boucher le nez, on se bouche le derrière. »

Nos quarante immortels eux-mêmes, si une multiplication soudaine par six zéros improvisait un million de Thiers, un million d’Ollivier, un million de Dupanloup, etc., avec la France déserte, à leur disposition, Croyez-vous bonnement que, montés au chiffre de quarante millions, ils passeraient tout leur temps à s’adresser des harangues en vers et en prose ? Pas si fous ! Item, il faut déjeuner, et ils n’attendraient pas une heure pour mettre la main à la pâte.

Naturellement, le premier vote aurait pour